Alice Kingsley Mia Wasikowska is, unbeknownst to her, on her way to her engagement party. Turns out this is the famous Alice who 13 years earlier ventured in to Wonderland. Surely there is a creative reason to pull her back into the zany world. Nope, she merely felt the urge to chase a rabbit who himself was seeking to fulfill a prophecy. And so, Alice in roped back into the world of fantasy/ you've seen anything at all on this movie, then the strengths are obvious. It's Disney, it's CGI loaded, it's in 3D. Everything visual is well appointed with lavish detail. It makes me wonder if director Tim Burton is better suited as a set designer since he is always given projects for his vision. I recall a time where his vision wasn't hampered by the concepts of others, at time when his films were so wholly original that nothing else compared, and sadly he's been stuck in a limbo of "revisions" for a a girl who can't remember anything, Alice is never surprised. She sees giant creatures, she shrinks, flies on a hat, all without a yelp. The first person to blame would be Burton, since Wasikowska lacks leading experience. Still I wonder what's going through her head when she decided to play Alice as oppressively jaded. Outside the last ten minutes, she's the antithesis of Dorothy. Having a protagonist who's so down trodden in a beautiful world is Depp. You pay the man and he'll do his thing. I can't tell you that his character, The Mad Hatter, is an original. I'm sure it's a combination of other Depp figurines. With the Hatter he has carte blanche to do anything, anything at all, and somehow be considered in character. It doesn't matter that he's periodically possessed by a Scotsmanâhe's in character and he's Johnny Depp so it must be fantastic, right? More amusing are Helena Bonham Carter and Crispin Glover, the latter of whom you wouldn't White Queen Anne Hathaway was in position to be the most complex element of the film. I suppose her role is to assume power in the event that her sister is dethroned. For a character who talks a big game of peace, she sure does mix together an abhorrent potion to return Alice to normal size. Despite repeatedly saying she represents good, I didn't see any evidence. Toes would have been crushed I'm sure, but the vibe from Anne's portrayal suggested that she wanted to be the calculating can't tell you how stupid this movie made me feel. For some reason it figured a major plot point would be found in determining the identity of Alice. If you are seated in the theatre watching a film called Alice in Wonderland you will not be surprised to find that the lead character of Alice is indeed the very same mentioned in the title. Why we spend most of the film getting to this conclusion feels like an attempt to recreate Hook. By the end you realize that Alice is the problem with Wonderland. In the 13 years she's been gone, her friends seem to be in good health despite the Red Queen reigning over the land. Why are they looking for her now? The Red Queen was in power this whole time and they seem to be in good shape, but when Alice gets there the queen challenges them. I suppose she's just as upset to have such a lifeless young girl in her land. I for one am disenchanted.
Aliceau Pays des Merveilles - Tim Burton - Trailer n°3. 6nĂ©'Web. 3:00. Le Tapis rouge d'Alice au pays des merveilles avec Tim Burton ! TĂ©lĂ© 7 Jours. 1:49. Alice au Pays des Merveilles - Tim Burton - Trailer n°2. 6nĂ©'Web. 2:35. Le tapis rouge de Alice au Pays des Merveilles de TIm Burton. 3:27. Tim Burton Interview 5: Alice au Pays des Alice » 1988, un film de Jan Svankmajer L'univers onirique des Aventures d'Alice au pays des merveilles 1865 de Lewis Carroll et les transformations subies par son hĂ©roĂŻne ont inspirĂ© depuis les dĂ©buts du cinĂ©ma de nombreux rĂ©alisateurs1. C'est surtout la version animĂ©e de Walt Disney 1951, calquĂ©e sur la narration originale mais fortement dĂ©pouillĂ©e de sa portĂ©e critique, qui consacre la popularitĂ© d'Alice. Soixante ans plus tard, en 2010, Tim Burton rĂ©alise une adaptation contemporaine produite et distribuĂ©e par Walt Disney Pictures oĂč Alice, devenue une belle jeune femme de dix-neuf ans, retourne au pays des merveilles et traverse une sĂ©rie d'Ă©preuves qui culminent dans la conquĂȘte de son Ă©mancipation. Entre ces deux pĂ©riodes, le rĂ©alisateur tchĂšque Jan Svankmajer nous livre en 1988 une Ă©trange pĂ©pite cinĂ©matographique avec son premier long mĂ©trage Alice ou Quelque chose d'Alice d'aprĂšs la traduction originale rĂ©compensĂ© Meilleur film d'animation au Festival d'Annecy » l'annĂ©e suivante. Librement inspirĂ© du conte original tout en en conservant l'esprit contestataire, le film se distingue radicalement des adaptations moralisatrices et stĂ©rĂ©otypĂ©es de Disney et de Burton2 aussi bien par sa forme hybride, mĂ©lange de prises de vue rĂ©elle et d'animation stop motion, que par ses intentions. Si le rĂȘve occupe une place centrale dans les trois versions, elles ne s'en emparent ni ne l'incarnent de la mĂȘme maniĂšre. Lisse et plutĂŽt rassurant dans les versions de Disney et de Burton, le rĂȘve se dĂ©ploie essentiellement comme un joyeux divertissement, prĂ©texte aux multiples rencontres et pĂ©ripĂ©ties de la protagoniste, et sert de contexte Ă l'Ă©loge de la conformitĂ© Ă l'ordre social Ă©tabli. Dans celle de Svankmajer, en revanche, les Ă©preuves que la protagoniste traverse durant son voyage onirique rĂ©vĂšlent le versant obscur du pays des merveilles, le coin sombre de l'inconscient oĂč se nichent les traumas archaĂŻques et se jouent les tensions entre la vie et la mort. Ils renvoient Ă l'expĂ©rience primordiale de la vie in utero que le rĂ©alisateur exprime par une poĂ©tique de la tactilitĂ© fondĂ©e sur la conviction que l'expĂ©rience du corps est plus fondamentale que celle du regard, car le sens du toucher est antĂ©rieur Ă celui de la vue. Le film va se dĂ©velopper selon la logique du rĂȘve, territoire intermĂ©diaire entre la rĂ©alitĂ© et l'inconscient, dont la porositĂ© sera rĂ©vĂ©lĂ©e par un dispositif technique qui fait coexister la prise de vue rĂ©elle et l'animation stop motion. En mĂȘme temps, le rĂȘve va prendre littĂ©ralement corps selon la logique de la gestation, lieu de mĂ©tamorphoses et de transformations aboutissant Ă la naissance d'un corps nouveau, celui d'une Alice Ă©mancipĂ©e du pouvoir tyrannique et oppressant de la reine des cĆurs. L'hypothĂšse de la gestation se justifie Ă©galement par la position particuliĂšre qu'occupe Alice dans le film et qui incarne la spĂ©cificitĂ© du songe protagoniste de son propre rĂȘve, elle en est aussi la gĂ©nĂ©ratrice, ce qui lui confĂšre un rĂŽle actif et absolu dans la construction du chemin vers la conquĂȘte de sa propre autonomie. Dans ce sens, la dĂ©marche subversive du film rĂ©side dâabord dans sa singularitĂ© esthĂ©tique et dans son apprĂ©hension de la matiĂšre onirique comme terrain de l'expression de l'imaginaire et de la libertĂ©; mais il s'agit aussi d'un propos idĂ©ologique qui se fonde sur l'expĂ©rience de la censure et de l'oppression dont Jan Svankmajer fut victime dans les annĂ©es 1970. Selon lui, sa dĂ©marche artistique consiste Ă reconnaĂźtre et Ă lĂ©gitimer la place que l'irrationnel occupe dans l'esprit humain », car face au conformisme dominant et Ă la rĂ©pression qu'exerce la dictature de la rationalitĂ©, l'imagination est seule capable de subversion parce qu'elle proclame le possible contre le rĂ©el »3. RĂ©pression et transgressions Ă l'instar de lâĆuvre originale, le film s'ouvre sur un paysage bucolique traversĂ© par une riviĂšre qui nous conduit vers Alice. Assise aux cĂŽtĂ©s de sa grande sĆur plongĂ©e dans la lecture d'un livre, elle lance des pierres Ă l'eau pour tromper l'ennui. Sans y parvenir, elle tente de perturber la lecture de sa grande sĆur qui l'en empĂȘche en lui donnant une Ă©nergique tape sur la main. Acte de rĂ©pression symbolisant une forme de pouvoir, la violence du toucher, mis en Ă©vidence par les gros plans visuel et sonore, produit chez la fillette une Ă©motion proche de l'agacement qui va motiver la gestation onirique. Alice narratrice prĂȘte sa voix Ă tous les personnages qui peuplent le territoire onirique, comme si chacun Ă©tait l'incarnation des pulsions, souvenirs et angoisses logĂ©s dans son inconscient Le regard fixe d'Alice tournĂ© vers la camĂ©ra dĂ©voile, en creux, le dĂ©fi de la protagoniste face Ă son inadĂ©quation au monde qui l'entoure. Il annonce une premiĂšre transgression, symbolique, produite par la rupture du contrat narratif rĂ©aliste, c'est-Ă -dire l'entorse aux rĂšgles classiques du cinĂ©ma. La brĂšche ainsi provoquĂ©e dans le dispositif cinĂ©matographique rĂ©vĂšle l'existence d'une Alice narratrice, se situant Ă l'extĂ©rieur de la diĂ©gĂšse de son propre rĂȘve et reprĂ©sentĂ©e par un trĂšs gros plan de sa bouche. L'insert apparaĂźt de maniĂšre rĂ©currente tout le long du film et participe d'une certaine maniĂšre Ă la reconstitution du corps d'Alice qui substitue Ă ses yeux les images du rĂȘve, et restitue sa bouche par l'intermĂ©diaire de l'insert. Alice narratrice prĂȘte sa voix Ă tous les personnages qui peuplent le territoire onirique, comme si chacun Ă©tait l'incarnation des pulsions, souvenirs et angoisses logĂ©s dans son inconscient. Ă la fois spectatrice, protagoniste et narratrice de son propre rĂȘve, Alice est investie d'une forme de pouvoir d'agir sur son propre destin comme sur le spectateur qu'elle sollicite Ă ĂȘtre actif. De fait, dans le gĂ©nĂ©rique du film, elle l'invite Ă Ă©couter son histoire et Ă la vivre en fermant les yeux car autrement il ne verra rien. Ă la fois annonce du regard intĂ©rieur qu'impose le principe du rĂȘve et de l'introspection, la demande de fermer les yeux prĂ©pare aussi au renoncement â certes paradoxal â Ă convoquer la vue comme le sens principal permettant de regarder le film, pour lui substituer celui du toucher. Ă l'instar de ses expĂ©riences de toucher aveugle que le rĂ©alisateur a effectuĂ© afin de saisir le contenu sensible des objets, le film fait appel Ă leur caractĂšre tactile comme façon de reprĂ©senter les Ă©motions que les matiĂšres inspirent, façonnant ainsi les ressentis des personnages. Les effets synesthĂ©siques sont produits par le recours systĂ©matique au gros plan Ă©vocateur des Ă©tats Ă©motionnels d'Alice et de la nature subjective du rĂȘve. Transition et rĂȘv-eil » Dans la chambre d'Alice, sorte d'Ă©trange cabinet de curiositĂ©s, chaque recoin livre une collection de jouets et d'objets Ă©tranges usĂ©s par le temps. Les gros plans d'un trognon de pomme, de mouches mortes, de vieux bocaux de confiture ou d'un piĂšge Ă rat, suggĂšrent l'inquiĂ©tante Ă©trangetĂ© de l'univers fantastique et transgressif de l'enfance. C'est d'abord par le son, puis par l'image, que nous dĂ©couvrons Alice en train de lancer des petits cailloux dans une tasse de thĂ©. EntourĂ©e de ses deux poupĂ©es, la scĂšne agit comme une rĂ©miniscence de celle du bord de la riviĂšre et anticipe les personnages et les objets qui apparaĂźtront dans le rĂȘve. Elle rappelle que le rĂȘve se nourrit de la rĂ©alitĂ©, et inversement. Entre l'un et l'autre il n'existe pas de passages logiques », mais un infime mouvement physique celui de fermer ou d'ouvrir les paupiĂšres »4. Le basculement du rĂ©el vers le monde onirique survient sans transition visible ni effets spectaculaires. L'insert du gros plan de la lampe grĂ©sillante de sa chambre, tel un lĂ©ger battement de cils, sĂ©pare le monde rĂ©el d'Alice endormie de celui du rĂȘve oĂč, encore assoupie, elle se laisse surprendre par un bruit de craquement suggĂ©rant une prĂ©sence. En mĂȘme temps que le spectateur, la fillette dĂ©couvre Ă©bahie le rĂ©veil du lapin taxiderme dans sa cage en verre. Animal mort mais statufiĂ©, il est rĂ©animĂ© par la magie de l'animation et le souffle du surrĂ©alisme. Pour le rĂ©alisateur, l'animation est une opĂ©ration magique qui permet de donner vie aux choses mortes et aux objets inertes. Porteurs d'une vie intĂ©rieure, ils sont aussi les tĂ©moins de diverses histoires qui se sont inscrites en eux. Ils ont Ă©tĂ© touchĂ©s par des personnes qui se trouvaient dans diverses situations, sous le coup de diverses Ă©motions et qui ont laissĂ© en eux une trace de leurs Ă©tats psychiques »5. La succession de gros plans et de trĂšs gros plans du lapin dĂ©voilent la matiĂšre tourmentĂ©e » qui le compose. Ils font ressortir ses textures le pelage, la sciure de bois qui s'Ă©chappe de son ventre, les clous accrochĂ©s Ă ses pattes oĂč se sont accumulĂ©es de mystĂ©rieuses Ă©motions qui renvoient aux inquiĂ©tudes refoulĂ©es d'Alice, comme si elles Ă©taient devenues palpables. Cette expĂ©rience du corps, centrale dans le cinĂ©ma de Jan Svankmajer, se manifeste par l'Ă©vocation tactile. Un toucher dont la mĂ©moire permet de se reconnecter avec les replis les plus enfouis de l'inconscient, libĂ©rant ainsi une imagination pure, subversive et libĂ©ratrice. LibĂ©rĂ© du socle qui le maintient prisonnier, le lapin blanc dĂ©terre un tiroir oĂč sont rangĂ©s veston et couvre-chef en velours rouge, gants et collerette dentelĂ©e qu'il enfile consciencieusement. Il brise ensuite la cage de verre avec une paire de ciseaux et s'Ă©chappe vers un champ labourĂ©, continuitĂ© surrĂ©aliste de la chambre d'Alice et antichambre de l'Ă©vasion onirique de la fillette. IntermĂ©diaire entre l'animĂ© et l'inanimĂ©, le rĂȘve et la rĂ©alitĂ©, la vie et la mort, le lapin blanc devient le guide Ă©trange et inquiĂ©tant qui va conduire Alice dans les trĂ©fonds d'un territoire onirique contenu dans l'espace polymorphe de sa chambre. StructurĂ© Ă la maniĂšre de poupĂ©es russes, l'espace de la chambre contient d'autres espaces altĂ©rĂ©s par exemple, la petite demeure en blocs de bois du lapin posĂ©e sur la table de la chambre d'Alice, elle-mĂȘme une chambre Ă part entiĂšre oĂč Alice aura du mal Ă s'incorporer. In utero Le voyage d'Alice au pays des songes peut ĂȘtre assimilĂ© Ă un retour Ă la matrice pour mieux renaĂźtre. Si les rĂ©fĂ©rences visuelles du film ne se rapportent pas explicitement aux fonctions du corps des femmes, c'est au mouvement descendant d'Alice, Ă la tactilitĂ© des images et aux mĂ©tamorphoses qu'elle subit par la suite que l'on peut associer l'allusion Ă la gestation. En effet, dans la matrice le sens du toucher est bien celui qui s'Ă©veille en premier lieu, suivi de celui du goĂ»t. La vue Ă©tant le sens qui se dĂ©veloppe le dernier. Ce n'est donc pas un hasard si le film porte Ă©galement sur l'inextinguible curiositĂ© gustative d'Alice, comme lorsqu'elle goĂ»te la sciure de bois dont le lapin blanc s'alimente, qu'elle boit l'encre qui la fait rapetisser ou qu'elle mange des petits morceaux de bois qui agissent sur la taille des objets dans la deuxiĂšme partie du film. Lorsque Alice atterrit dans un monte-charges en pleine descente, toutes sortes d'objets Ă©tranges disposĂ©s sur des Ă©tagĂšres comme dans un cabinet de curiositĂ©s dĂ©filent devant ses yeux vieux jouets, bocaux de confiture infestĂ©s de punaises, fossiles, bocaux aux contenances organiques et bestiaire fantastique. Toutes ces choses sont les incarnations des angoisses primordiales vĂ©cues dans le temps in utero, prĂ©-historique, oĂč se jouent aussi les tensions entre la vie et la mort. Lorsqu'elle arrive au bout de la descente, Alice perce littĂ©ralement le plafond, Ă©voquant ainsi le moment de la naissance. Cependant, au lieu de sortir vers le monde extĂ©rieur, elle s'enfonce dans les trĂ©fonds de son subconscient. MĂ©tamorphoses du corps et re-naissance MĂ©taphore de la dualitĂ© vie-mort, la permĂ©abilitĂ© entre l'animĂ© et l'inanimĂ© est rendue possible par la coexistence entre l'animation et la prise de vue rĂ©elle, un des fondements de la dĂ©marche artistique du rĂ©alisateur. InfluencĂ©e par le surrĂ©alisme, elle s'inscrit dans une rĂ©flexion critique et subversive Ă l'Ă©gard d'une logique rationnelle dont les normes limitent la crĂ©ativitĂ© et la libertĂ©. Cette permĂ©abilitĂ© s'incarne principalement dans le corps d'Alice Ă travers les mĂ©tamorphoses qu'il subit par les possibilitĂ©s de l'animation. Ainsi, dans la scĂšne des larmes, elle est trop grande pour passer par la porte minuscule de la piĂšce. AprĂšs avoir bu l'encre, elle finit par rapetisser mais sa petite taille ne lui permet pas d'accĂ©der Ă la clĂ© posĂ©e sur la table devenue trop haute. Passant brusquement de l'Ă©tat de fillette en chair et en os Ă celui de petite poupĂ©e, les transformations de son corps rĂ©vĂšlent son inadaptation aux lois d'un monde protĂ©iforme et hostile, subtile allĂ©gorie de l'oppression d'un systĂšme sur l'individu. Du point de vue de la rĂ©ception spectatorielle, l'inadaptation d'Alice trouve sa correspondance dans le trouble qu'Ă©prouve le spectateur Ă s'identifier au corps brusquement changeant de la protagoniste. Le corps d'Alice est aussi l'objet de toutes sortes d'agressions de la part des personnages qui peuplent le monde du rĂȘve le petit rat qui s'installe sur sa tĂȘte pour y planter des piquets, le lapin blanc qui prodigue des coups de pagaie, ou la violence verbale de la reine des cĆurs portĂ©e par un obsessionnel et impitoyable coupez-lui la tĂȘte », qui semble renvoyer Ă la fragmentation du corps d'Alice narratrice. Dans le cinĂ©ma de Svankmajer, la crĂ©ation passe par la violence et la destruction des corps voir par exemple son court mĂ©trage Les possibilitĂ©s du dialogue, 1982, c'est Ă dire de la matiĂšre, pour aboutir Ă une forme de re-naissance rĂ©vĂ©latrice de la transformation. Ainsi, la scĂšne oĂč le lapin blanc et sa cohorte d'Ă©tranges squelettes habillĂ©s en costumes prĂ©cieux s'en prennent Ă Alice devenue poupĂ©e et l'agressent violemment. SuggĂ©rant une forme d'agression sexuelle, le viol onirique dont elle fait l'objet culmine au moment oĂč Alice est intimĂ©e de grimper sur une planchette donnant sur un chaudron rempli d'un liquide blanc. SacrifiĂ©e par ces pirates morts-vivants sur la planche du supplice, elle en ressort transformĂ©e en un corps gigantesque et rigide, pĂ©trifiĂ© par le sort qui lui a Ă©tĂ© rĂ©servĂ©. La tension entre la prise de vue rĂ©elle et l'animation, entre l'animĂ© et l'inanimĂ©, la vie et la mort apparaĂźt lorsque les yeux de la grande poupĂ©e en plĂątre laissent entrevoir ceux, inquiets, de la petite fille bien en chair et en os qui y est dissimulĂ©e, rĂ©sumant en une seule image la portĂ©e et la puissance de l'enjeu du corps. AprĂšs maints efforts, Alice parvient Ă briser l'enveloppe plĂątrĂ©e qui la tient prisonniĂšre. Cette re-naissance aboutit Ă la derniĂšre transformation d'Alice, qui est Ă la fois d'ordre physique et psychique. Redevenue rĂ©elle, elle ne retournera plus Ă son Ă©tat de poupĂ©e, comme si sa transition vers un nouvel Ă©tat sa re-naissance s'Ă©tait enfin accomplie. EnfermĂ©e dans une sorte de cave garde-manger, elle observe, surprise, tout autour d'elle, les bocaux apparus lors de la descente en monte-charges. AnimĂ©e par la curiositĂ© qui la caractĂ©rise, elle dĂ©couvre avec frayeur des objets du quotidien dĂ©tournĂ©s de leur banale nature, tels le pain soudain criblĂ© de clous, les Ćufs donnant naissance Ă des petits squelettes de poussin, la chair animĂ©e ou encore la boĂźte en mĂ©tal qui livre une colonie de cafards. Le surrĂ©alisme tactile se couple au fantastique animĂ© pour produire le cauchemar cathartique qui lui ouvrira les portes vers l'autonomie. Ămancipation LibĂ©rĂ©e de ses peurs, Alice n'est plus en proie aux transformations physiques qu'elle avait subies jusque-lĂ . Bien que le monde du rĂȘve soit toujours agressif et violent Ă son Ă©gard, qu'elle est Ă chaque fois dĂ©routĂ©e par l'univers singulier et le comportement fantasque des personnages qu'elle rencontre, elle s'affirme dĂ©sormais en agissant sur le monde qui l'entoure, en le transformant Ă son tour, voire en lui redonnant vie. AprĂšs sa visite chez la chenille-chaussette, elle reçoit deux petits bouts de bois qui lui permettent d'agrandir les objets auxquels elle s'adresse. Ainsi, la scĂšne oĂč elle agrandit » la minuscule maison d'oĂč s'Ă©chappent les cris monstrueusement aigus d'un bĂ©bĂ© invisible qui se rĂ©vĂšle ĂȘtre un cochon. Plus avant, lorsque la Reine des CĆurs lui propose de jouer au croquet, le maillet en forme de flamand rose qu'Alice tient entre ses mains devient oiseau, et la boule piquĂ©e d'Ă©pingles se transforme en hĂ©risson, comme si l'Ăąme des objets inertes reprenait vie, renvoyant Ă la tension entre la vie et la mort qui traverse l'oeuvre. Quelle tĂȘte trancher alors qu'Alice est elle-mĂȘme tous les personnages cauchemardesques qui ont peuplĂ© son rĂȘve, et que son rĂ©veil est un refus de mourir ? Ă la fin du film, Alice parvient Ă dĂ©fier le Roi et la Reine des CĆurs lors du procĂšs final en transgressant leurs lois absurdes par la subversion, affirmant de cette maniĂšre son Ă©mancipation. Mais la punition s'accomplit d'une bien curieuse maniĂšre quelle tĂȘte trancher alors qu'Alice est elle-mĂȘme tous les personnages cauchemardesques qui ont peuplĂ© son rĂȘve, et que son rĂ©veil est un refus de mourir ? Alice ouvre les yeux. Elle scrute tous les recoins de sa chambre et s'aperçoit avec stupeur que la cage en verre du lapin blanc est brisĂ©e et qu'il a disparu. AprĂšs s'ĂȘtre saisie d'une paire de ciseaux, elle prononce ces mots il est en retard, comme toujours. Je crois que cette fois-ci je vais lui couper la tĂȘte ». Elle mĂȘme reine es cĆurs, elle jette un trouble qui ne permet pas de trancher si elle est vĂ©ritablement sortie du rĂȘve ou si le rĂȘve et la rĂ©alitĂ© ne font qu'un. Jusqu'au bout, Alice narratrice aura agi sur le spectateur en tirant les ficelles de son propre rĂ©cit. Conclusion GrĂące Ă un dispositif qui combine animation stop motion et prise de vue rĂ©elle, Jan Svankmajer s'empare du fantastique et du surrĂ©alisme pour se glisser dans la logique et la structure du rĂȘve et explorer les recoins les plus profonds de l'inconscient, lĂ oĂč sont tapis les reliquats de l'enfance. Il constitue un chemin d'introspection - mĂ©thode privilĂ©giĂ©e des surrĂ©alistes â installĂ© sur le territoire inquiĂ©tant et violent du cauchemar dont l'enjeu se situe au cĆur mĂȘme de sa propre matiĂšre le dĂ©sir, les obsessions et les angoisses les plus refoulĂ©s en tant que forces crĂ©atives et transformatrices de l'enfance. FertilisĂ© par l'imagination, le territoire du rĂȘve libĂšre les Ă©nergies occultes et mystĂ©rieuses qui se matĂ©rialisent dans la tactilitĂ© de la matiĂšre. Cette esthĂ©tique cinĂ©matographique s'attache Ă rĂ©vĂ©ler le cachĂ©, l'irrationnel, l'imagination Ă travers la texture et la surface matĂ©rielle des choses et des objets. RĂ©cit Ă tiroirs, au propre comme au figurĂ©, il se donne Ă voir Ă la maniĂšre d'un vĂ©ritable cabinet de curiositĂ©s qui engage l'inquiĂ©tante hĂ©roĂŻne â et le spectateur inquiet â dans un rituel d'initiation duquel elle ressort mĂ©tamorphosĂ©e. Si le film ne contient pas de message proprement et ouvertement fĂ©ministe, il s'empare des figures associĂ©es au corps fĂ©minin en tant que symbole de subversion par rapport Ă l'ordre Ă©tabli. Contrairement aux images consensuelles de la version de Walt Disney, oĂč Alice traverse le monde des songes avec la lĂ©gĂšretĂ© d'un bon rĂȘve, celles de Jan Svankmajer se caractĂ©risent par leurs textures brutes, crues, proches du cauchemar, qu'Alice accepte de confronter. Son univers onirique n'a rien de la douceur ni de la candeur que l'on attribue habituellement aux fillettes. Il est traversĂ© par des pulsions et des dĂ©sirs enfouis, violents, incarnĂ©s par des objets et des personnages inquiĂ©tants. Le parcours d'introspection d'Alice coĂŻncide avec le chemin utĂ©rin initiatique, oĂč l'expression des dĂ©sirs et des angoisses les plus refoulĂ©es, proches de l'Ă©rotisme par exemple le liquide blanc dans la scĂšne de la grande poupĂ©e en plĂątre qui rappelle le liquide sĂ©minal, se rĂ©vĂšle Ă travers la tactilitĂ© des crĂ©atures et des objets qui peuplent le rĂȘve. VĂ©ritablement actrice de son propre destin, l'Alice de Jan Svankmajer est dotĂ©e d'un pouvoir d'agir â forgĂ© par son imagination dĂ©bridĂ©e et renforcĂ© par son rĂŽle Ă la fois de narratrice et de protagoniste de son propre rĂȘve â qui lui assure la conquĂȘte de son Ă©mancipation. Ce n'est pas vraiment le cas de l'hĂ©roĂŻne de Tim Burton, en dĂ©pit des ambitions du rĂ©cit, des objectifs et des caractĂ©ristiques du personnage. La jeune Alice est dĂ©terminĂ©e Ă se battre contre un destin vouĂ© Ă un mariage qu'elle ne souhaite pas. Le chemin qu'elle se promet de suivre pour changer le cours de sa vie est essentiellement inspirĂ© par ses mentors masculins le Chapelier fou, le pĂšre et la chenille, dĂ©tenteurs de sagesse et de savoir, qui lui donnent les clĂ©s de son Ă©mancipation, alors que les figures fĂ©minines du film â la Reine des CĆurs et sa sĆur la Reine Blanche â incarnent les archĂ©types des comportements traditionnellement attribuĂ©s aux femmes laideur, hystĂ©rie, jalousie chez l'une ; beautĂ©, grĂące, gentillesse et altruisme chez l'autre. Laissant une place secondaire au rĂȘve et Ă sa symbolique tout en le magnifiant visuellement par le recours Ă une technologie de pointe, la version de Tim Burton assure et reproduit, sous couvert de contestation, la place du modĂšle dominant. Dans cette perspective, Alice se positionne comme une critique plus large, une rĂ©flexion plus universelle qui entend exprimer son opposition Ă la tyrannie de la conformitĂ©, et sollicite Ă chaque instant la place et la reconnaissance de l'imagination comme territoire de libertĂ©. Pour Jan Svankmajer le diktat et la logique du marchĂ© imposent la diversion commerciale au dĂ©triment de la crĂ©ation artistique authentique. Selon ses propres mots, cette civilisation ne compte pas sur les rĂȘves car ceux-ci ne peuvent ĂȘtre commercialisĂ©s. » Poursuivre la lecture territoires du fĂ©minin, Jan Svankmajer Cayetana CarriĂłn, Le Labyrinthe de Pan PorositĂ© des mondes, PorositĂ© des genres » dans Le Rayon Vert, 22 mai 2018. Cayetana CarriĂłn, La Femme des sables Le Mythe de Sisyphe Ă lâĂšre atomique » dans Le Rayon Vert, 10 novembre 2017. Francesco Rimini, Insectes Le Testament de Jan Svankmajer » dans Le Rayon Vert, 11 mai 2018.