Ouvrage Vous autres, civilisations, savez maintenant que vous ĂȘtes mortelles. De la contre-utopie; Pages: 201 Ă 202; Collection: Ătudes de littĂ©rature des xx e et xxi e siĂšcles, n° 96; Autres informations âź ISBN: 6-9; ISSN: 2260-7498; DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10756-9.p.0201; Ăditeur: Classiques Garnier; Mise en ligne
par Paul ValĂ©ry 1871-1945, La Crise de lâesprit 1919 Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, dâempires coulĂ©s Ă pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es ; avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă travers lâĂ©paisseur de lâhistoire, les fantĂŽmes dâimmenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et dâesprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, nâĂ©taient pas notre affaire. Ălam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie⊠ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que lâabĂźme de lâhistoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons quâune civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© quâune vie. Les circonstances qui enverraient les oeuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. â Ce nâest pas tout. La brĂ»lante leçon est plus complĂšte encore. Il nâa pas suffi Ă notre gĂ©nĂ©ration dâapprendre par sa propre expĂ©rience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnĂ©es sont pĂ©rissables par accident ; elle a vu, dans lâordre de la pensĂ©e, du sens commun, et du sentiment, se produire des phĂ©nomĂšnes extraordinaires, des rĂ©alisations brusques de paradoxes, des dĂ©ceptions brutales de lâĂ©vidence. Je nâen citerai quâun exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que lâoisivetĂ© jamais nâa créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, lâinstruction la plus solide, la discipline et lâapplication les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă dâĂ©pouvantables desseins. Tant dâhorreurs nâauraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant dâhommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ? â Ainsi la PersĂ©polis spirituelle nâest pas moins ravagĂ©e que la Suse matĂ©rielle. Tout ne sâest pas perdu, mais tout sâest senti pĂ©rir. Un frisson extraordinaire a couru la moelle de lâEurope. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants, quâelle ne se reconnaissait plus, quâelle cessait de se ressembler, quâelle allait perdre conscience â une conscience acquise par des siĂšcles de malheurs supportables, par des milliers dâhommes du premier ordre, par des chances gĂ©ographiques, ethniques, historiques innombrables. Alors, â comme pour une dĂ©fense dĂ©sespĂ©rĂ©e de son ĂȘtre et de son avoir physiologiques, toute sa mĂ©moire lui est revenue confusĂ©ment. Ses grands hommes et ses grands livres lui sont remontĂ©s pĂȘle-mĂȘle. Jamais on nâa tant lu, ni si passionnĂ©ment que pendant la guerre demandez aux libraires. Jamais on nâa tant priĂ©, ni si profondĂ©ment demandez aux prĂȘtres. On a Ă©voquĂ© tous les sauveurs, les fondateurs, les protecteurs, les martyrs, les hĂ©ros, les pĂšres des patries, les saintes hĂ©roĂŻnes, les poĂštes nationaux⊠Et dans le mĂȘme dĂ©sordre mental, Ă lâappel de la mĂȘme angoisse, lâEurope cultivĂ©e a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pensĂ©es dogmes, philosophies, idĂ©aux hĂ©tĂ©rogĂšnes ; les trois cents maniĂšres dâexpliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes tout le spectre de la lumiĂšre intellectuelle a Ă©talĂ© ses couleurs incompatibles, Ă©clairant dâune Ă©trange lueur contradictoire lâagonie de lâĂąme europĂ©enne. Tandis que les inventeurs cherchaient fiĂ©vreusement dans leurs images, dans les annales des guerres dâautrefois, les moyens de se dĂ©faire des fils de fer barbelĂ©s, de dĂ©jouer les sous-marins ou de paralyser les vols des avions, lâĂąme invoquait Ă la fois toutes les puissances transcendantes, prononçait toutes les incantations quâelle savait, considĂ©rait sĂ©rieusement les plus bizarres prophĂ©ties ; elle se cherchait des refuges, des indices, des consolations dans le registre entier des souvenirs, des actes antĂ©rieurs, des attitudes ancestrales. Et ce sont lĂ les produits connus de lâanxiĂ©tĂ©, les entreprises dĂ©sordonnĂ©es du cerveau qui court du rĂ©el au cauchemar et retourne du cauchemar au rĂ©el, affolĂ© comme le rat tombĂ© dans la trappe⊠La crise militaire est peut-ĂȘtre finie. La crise Ă©conomique est visible dans toute sa force ; mais la crise intellectuelle, plus subtile, et qui, par sa nature mĂȘme, prend les apparences les plus trompeuses puisquâelle se passe dans le royaume mĂȘme de la dissimulation, cette crise laisse difficilement saisir son vĂ©ritable point, sa phase. Personne ne peut dire ce qui demain sera mort ou vivant en littĂ©rature, en philosophie, en esthĂ©tique. Nul ne sait encore quelles idĂ©es et quels modes dâexpression seront inscrits sur la liste des pertes, quelles nouveautĂ©s seront proclamĂ©es. Lâespoir, certes, demeure et chante Ă demi-voix Et cum vorandi vicerit libidinem Late triumphet imperator spiritus Mais lâespoir nâest que la mĂ©fiance de lâĂȘtre Ă lâĂ©gard des prĂ©visions prĂ©cises de son esprit. Il suggĂšre que toute conclusion dĂ©favorable Ă lâĂȘtre doit ĂȘtre une erreur de son esprit. Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. Il y a des milliers de jeunes Ă©crivains et de jeunes artistes qui sont morts. Il y a lâillusion perdue dâune culture europĂ©enne et la dĂ©monstration de lâimpuissance de la connaissance Ă sauver quoi que ce soit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme dĂ©shonorĂ©e par la cruautĂ© de ses applications ; il y a lâidĂ©alisme, difficilement vainqueur, profondĂ©ment meurtri, responsable de ses rĂȘves ; le rĂ©alisme déçu, battu, accablĂ© de crimes et de fautes ; la convoitise et le renoncement Ă©galement bafouĂ©s ; les croyances confondues dans les camps, croix contre croix, croissant contre croissant ; il y a les sceptiques eux-mĂȘmes dĂ©sarçonnĂ©s par des Ă©vĂ©nements si soudains, si violents, si Ă©mouvants, et qui jouent avec nos pensĂ©es comme le chat avec la souris, â les sceptiques perdent leurs doutes, les retrouvent, les reperdent, et ne savent plus se servir des mouvements de leur esprit. Lâoscillation du navire a Ă©tĂ© si forte que les lampes les mieux suspendues se sont Ă la fin renversĂ©es. â Ce qui donne Ă la crise de lâesprit sa profondeur et sa gravitĂ©, câest lâĂ©tat dans lequel elle a trouvĂ© le patient. Je nâai ni le temps ni la puissance de dĂ©finir lâĂ©tat intellectuel de lâEurope en 1914. Et qui oserait tracer un tableau de cet Ă©tat ? Le sujet est immense ; il demande des connaissances de tous les ordres, une information infinie. Lorsquâil sâagit, dâailleurs, dâun ensemble aussi complexe, la difficultĂ© de reconstituer le passĂ©, mĂȘme le plus rĂ©cent, est toute comparable Ă la difficultĂ© de construire lâavenir, mĂȘme le plus proche ; ou plutĂŽt, câest la mĂȘme difficultĂ©. Le prophĂšte est dans le mĂȘme sac que lâhistorien. Laissons-les-y. Mais je nâai besoin maintenant que du souvenir vague et gĂ©nĂ©ral de ce qui se pensait Ă la veille de la guerre, des recherches qui se poursuivaient, des Ćuvres qui se publiaient. Si donc je fais abstraction de tout dĂ©tail, et si je me borne Ă lâimpression rapide, et Ă ce total naturel que donne une perception instantanĂ©e, je ne vois â rien ! â Rien, quoique ce fĂ»t un rien infiniment riche. Les physiciens nous enseignent que dans un four portĂ© Ă lâincandescence, si notre Ćil pouvait subsister, il ne verrait â rien. Aucune inĂ©galitĂ© lumineuse ne demeure et ne distingue les points de lâespace. Cette formidable Ă©nergie enfermĂ©e aboutit Ă lâinvisibilitĂ©, Ă lâĂ©galitĂ© insensible. Or, une Ă©galitĂ© de cette espĂšce nâest autre chose que le dĂ©sordre Ă lâĂ©tat parfait. Et de quoi Ă©tait fait ce dĂ©sordre de notre Europe mentale ? â De la libre coexistence dans tous les esprits cultivĂ©s des idĂ©es les plus dissemblables, des principes de vie et de connaissance les plus opposĂ©s. Câest lĂ ce qui caractĂ©rise une Ă©poque moderne. Je ne dĂ©teste pas de gĂ©nĂ©raliser la notion de moderne, et de donner ce nom Ă certain mode dâexistence, au lieu dâen faire un pur synonyme de contemporain. Il y a dans lâhistoire des moments et des lieux oĂč nous pourrions nous introduire, nous modernes, sans troubler excessivement lâharmonie de ces temps-lĂ , et sans y paraĂźtre des objets infiniment curieux, infiniment visibles, des ĂȘtres choquants, dissonants, inassimilables. OĂč notre entrĂ©e ferait le moins de sensation, lĂ nous sommes presque chez nous. Il est clair que la Rome de Trajan, et que lâAlexandrie des PtolĂ©mĂ©es nous absorberaient plus facilement que bien des localitĂ©s moins reculĂ©es dans le temps, mais plus spĂ©cialisĂ©es dans un seul type de mĆurs et entiĂšrement consacrĂ©es Ă une seule race, Ă une seule culture et Ă un seul systĂšme de vie. Eh bien! lâEurope de 1914 Ă©tait peut-ĂȘtre arrivĂ©e Ă la limite de ce modernisme. Chaque cerveau dâun certain rang Ă©tait un carrefour pour toutes les races de lâopinion ; tout penseur, une exposition universelle de pensĂ©es. Il y avait des Ćuvres de lâesprit dont la richesse en contrastes et en impulsions contradictoires faisait penser aux effets dâĂ©clairage insensĂ© des capitales de ce temps-lĂ les yeux brĂ»lent et sâennuient⊠Combien de matĂ©riaux, combien de travaux, de calculs, de siĂšcles spoliĂ©s, combien de vies hĂ©tĂ©rogĂšnes additionnĂ©es a-t-il fallu pour que ce carnaval fĂ»t possible et fĂ»t intronisĂ© comme forme de la suprĂȘme sagesse et triomphe de lâhumanitĂ© ? â Dans tel livre de cette Ă©poque â et non des plus mĂ©diocres â on trouve, sans aucun effort â une influence des ballets russes, â un peu du style sombre de Pascal, â beaucoup dâimpressions du type Goncourt, quelque chose de Nietzsche, â quelque chose de Rimbaud, â certains effets dus Ă la frĂ©quentation des peintres, et parfois le ton des publications scientifiques, â le tout parfumĂ© dâun je ne sais quoi de britannique difficile Ă doser !⊠Observons, en passant, que dans chacun des composants de cette mixture, on trouverait bien dâautres corps. Inutile de les rechercher ce serait rĂ©pĂ©ter ce que je viens de dire sur le modernisme, et faire toute lâhistoire mentale de lâEurope. â Maintenant, sur une immense terrasse dâElsinore, qui va de BĂąle Ă Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits dâAlsace, â lâHamlet europĂ©en regarde des millions de spectres. Mais il est un Hamlet intellectuel. Il mĂ©dite sur la vie et la mort des vĂ©ritĂ©s. Il a pour fantĂŽmes tous les objets de nos controverses ; il a pour remords tous les titres de notre gloire ; il est accablĂ© sous le poids des dĂ©couvertes, des connaissances, incapable de se reprendre Ă cette activitĂ© illimitĂ©e. Il songe Ă lâennui de recommencer le passĂ©, Ă la folie de vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux abĂźmes, car deux dangers ne cessent de menacer le monde lâordre et le dĂ©sordre. Sâil saisit un crĂąne, câest un crĂąne illustre. â Whose was it ? â Celui-ci fut Lionardo. Il inventa lâhomme volant, mais lâhomme volant nâa pas prĂ©cisĂ©ment servi les intentions de lâinventeur nous savons que lâhomme volant montĂ© sur son grand cygne il grande uccello sopra del dosso del suo magnio cecero a, de nos jours, dâautres emplois que dâaller prendre de la neige Ă la cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chaleur, sur le pavĂ© des villes⊠Et cet autre crĂąne est celui de Leibniz qui rĂȘva de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel, qui genuit Marx, qui genuit⊠Hamlet ne sait trop que faire de tous ces crĂąnes. Mais sâil les abandonne !⊠Va-t-il cesser dâĂȘtre lui-mĂȘme ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passage de la guerre Ă la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que le passage de la paix Ă la guerre ; tous les peuples en sont troublĂ©s. Et Moi, se dit-il, moi, lâintellect europĂ©en, que vais-je devenir ?⊠Et quâest-ce que la paix ? La paix est peut-ĂȘtre, lâĂ©tat de choses dans lequel lâhostilitĂ© naturelle des hommes entre eux se manifeste par des crĂ©ations, au lieu de se traduire par des destructions comme fait la guerre. Câest le temps dâune concurrence crĂ©atrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatiguĂ© de produire ? Nâai-je pas Ă©puisĂ© le dĂ©sir des tentatives extrĂȘmes et nâai-je pas abusĂ© des savants mĂ©langes ? Faut-il laisser de cĂŽtĂ© mes devoirs difficiles et mes ambitions transcendantes ? Dois-je suivre le mouvement et faire comme Polonius, qui dirige maintenant un grand journal ? comme Laertes qui est quelque part dans lâaviation ? comme Rosenkrantz, qui fait je ne sais quoi sous un nom russe ? Adieu, fantĂŽmes ! Le monde nâa plus besoin de vous. Ni de moi. Le monde qui baptise du nom de progrĂšs sa tendance Ă une prĂ©cision fatale, cherche Ă unir aux bienfaits de la vie les avantages de la mort. Une certaine confusion rĂšgne encore, mais encore un peu de temps et tout sâĂ©claircira ; nous verrons enfin apparaĂźtre le miracle dâune sociĂ©tĂ© animale, une parfaite et dĂ©finitive fourmiliĂšre. »
Le20 juillet 2019 à 07:51:40 autisteConn58 a écri - page 3 - Topic La civilisation ne s'effondrera pas du 20-07-2019 07:02:13 sur les forums de jeuxvideo.com
TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 MORTEL, -ELLE, adj. et â Adj. et â Adj. Qui est sujet Ă la [En parlant d'un ĂȘtre vivant gĂ©n. un homme] Il y avoit lĂ devant nous une crĂ©ature mortelle, convaincue de notre immortalitĂ© StaĂ«l,Allemagne, 1810, connais, monsieur, toute l'Ă©tendue de la perte que vous avez faite; mais, enfin, nous sommes tous mortels Jouy,Hermite, 1814, L'homme vint le dernier des animaux, parent de tous, et proche de quelques-uns. Les termes dont on le dĂ©signe encore aujourd'hui marquent son origine on l'appelle humain et mortel. A. France,Vie fleur, 1922, [P. mĂ©ton.]â [En parlant du corps de l'homme] Cette fiĂšvre qui ... gonflait Ă la briser chaque veine, et dissĂ©quait chaque point de ce corps mortel en des millions de souffrances Dumas pĂšre, Monte-Cristo, 1846, ces griffes lĂ©gĂšres que la moindre douleur imprime sur un visage mortel Mauriac,Journal 1, 1934, [P. oppos. Ă la partie immatĂ©rielle de l'homme l'Ăąme, l'esprit]RELIG. Corps mortel, chair mortelle. Et, maudissant Don Juan, lui jeta bas Son corps mortel, mais son Ăąme, non pas! Verlaine, Ćuvres compl., Jadis, 1884, DĂ©pouille mortelle, restes mortels. Cadavre. PrĂȘt Ă dĂ©poser sa dĂ©pouille mortelle dans la terre Ă©trangĂšre Chateaubr.,MĂ©m., 1848, char emportant au PĂšre-Lachaise les restes mortels de Charles Hugo Verlaine, Ćuvres compl., Vingt-sept biogr. E. de Goncourt, 1896, sa dĂ©pouille, son enveloppe mortelle. Mourir. Quand l'Ăąme aura quittĂ© son enveloppe mortelle Maine de Biran,Journal, 1815, [P. oppos. Ă des ĂȘtres immatĂ©riels dieux, anges] Si les anges daignoient revĂȘtir une forme mortelle pour apparoĂźtre aux hommes, ce seroit sous les traits de Maria Genlis,Chev. Cygne, 1795, est vrai qu'un vers d'HomĂšre ait subitement douĂ© Phidias du sentiment de la majestĂ© des dieux, lui ait appris Ă la reprĂ©senter vivante Ă des regards mortels Dusaulx,Voy. BarĂšge, 1796, race mortelle. La race humaine. Je veux ĂȘtre par toi prĂ©sent et favorable Ă la race mortelle ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, [En parlant de la condition de l'Homme] Existence, vie mortelle. Qu'il Ă©toit Ă©tonnant d'oser trouver des conformitĂ©s entre nos jours mortels et les Ă©ternels destins du maĂźtre du monde! Chateaubr.,GĂ©nie, jeudi. Ascension â Quelle belle fin de la vie mortelle de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ! Dupanloup,Journal, 1851, Par lĂ , la phrase de Vinteuil avait, comme tel thĂšme de Tristan par exemple, qui nous reprĂ©sente aussi une certaine acquisition sentimentale, Ă©pousĂ© notre condition mortelle, pris quelque chose d'humain qui Ă©tait assez touchant. Proust,Swann, 1913, Au fig. [En parlant d'un inanimĂ©] Qui peut pĂ©rir, disparaĂźtre. Il y avait tout l'amour dans leurs sourires mais ce n'Ă©tait qu'un pauvre amour mortel Beauvoir,Tous les hommes mort., 1946, Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulĂ©s Ă pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins descendus au fond inexplorable des siĂšcles... ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, â Subst. Ătre LittĂ©r. Ranime-toi, foible mortel, Ă ce spectacle actif de la nature Saint-Martin,Homme dĂ©sir, 1790, Quelle est cette Ă©toile qui file, Qui file, file, et disparaĂźt? â Mon enfant, un mortel expire; Son Ă©toile tombe Ă l'instant. BĂ©ranger,Chans., 1829, Audacieux, aveugle, chĂ©tif, faible, grossier, humble, insensible, fortunĂ©, malheureux, misĂ©rable, pauvre, perfide, vil [En constr. dans des loc. figĂ©es]⊠Une simple mortelle. Une personne comme les autres. AprĂšs tout, Marie n'avait-elle pas Ă©tĂ© une simple mortelle, une faible femme qui avait connu toutes les misĂšres de la vie Montalembert,Ste Ălisabeth, 1836, Un heureux mortel. Une personne qui a de la chance. Je vous fĂ©licite, mon cher, vous ĂȘtes un heureux mortel Taine,Notes Paris, 1867, Les mortels. L'ensemble des humains, l'humanitĂ©. La lumiĂšre du jour si chĂšre aux mortels Chateaubr.,Martyrs, 1810, Le commun des mortels. Le plus grand nombre des hommes. M. Godeau ne pouvait plus respirer l'air du commun des mortels qui lui Ă©tait dĂ©parti Jouhandeau,M. Godeau, 1926, â AdjectifA. â Qui cause la mort. J'ai eu la bĂȘtise de consulter un mĂ©decin ... et bien entendu il m'a trouvĂ© trois ou quatre maladies mortelles MĂ©rimĂ©e,Lettres ctessede Montijo, 1841, Quelle, et si fine, et si mortelle, Que soit ta pointe, blonde abeille, Je n'ai, sur ma tendre corbeille, JetĂ© qu'un songe de dentelle. ValĂ©ry,Charmes, 1922, Ătre mortel Ă , pour qqn, qqc. L'heure oĂč l'ombre est mortelle Au voyageur suant qui s'arrĂȘte sous elle Barbier,Ăambes, 1840, Accident, breuvage, choc, combat, coup, danger, mal, pĂ©ril mortel; balle, blessure, dose, Ă©manation, maladie, menace, morsure, plaie mortelle.⊠Proverbe. Plaie d'argent n'est pas mortelle. Plaie d'argent n'est pas mortelle, dit-on; mais ces plaies-lĂ ne peuvent pas avoir d'autre mĂ©decin que le malade Balzac,Illus. perdues, 1843, RELIG. CATHOL. PĂ©chĂ© mortel. PĂ©chĂ© qui enlĂšve Ă l'Ăąme la grĂące de la vie Ă©ternelle. Ils communient tous les dimanches! Je vous garantis qu'ils n'accepteraient pas de vivre en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel Beauvoir,MĂ©m. j. fille, 1958, â P. hyperb. [CaractĂ©risant un subst. avec une valeur intensive]1. Qui est pĂ©nible, dĂ©sagrĂ©able ou ennuyeux Ă mourir.â [Le subst. dĂ©signe des circonstances, un Ă©vĂ©nement auquel une pers. est confrontĂ©e] Il y a de cette ville Ă cette autre dix mortelles lieues heures, deux heures mortelles pour le pauvre amoureux se passĂšrent ainsi, sans que M. MĂŒller vĂźnt Ă bout de trouver l'Ă©tymologie de ranunculus Karr,Sous tilleuls, 1832, n'est pas de sa faute si je n'ai pas encore pris mal. Elle Ă©tablit dans les wagons des courants d'air mortels Mauriac,GĂ©nitrix, 1923, [Le subst. dĂ©signe le sentiment Ă©prouvĂ© face Ă un Ă©vĂ©nement pĂ©nible ou ennuyeux] Puisque nous voici ensemble, ma chĂšre, dit-il en s'asseyant sur le sofa, au mortel dĂ©plaisir de Valentine, je suis rĂ©solu de vous entretenir d'une affaire assez importante Sand,Valentine, 1832, DaĂŻdha!!!» s'Ă©cria la foule... C'Ă©tait elle. Qui, sous l'horrible poids d'une angoisse mortelle, Au vague bruit d'enfants, par son coeur entendu, Ătait sortie au jour Ă ses pas dĂ©fendu... Lamart.,Chute, 1838, DĂ©goĂ»t, ennui mortel; inquiĂ©tude, tristesse [En parlant d'un sentiment hostile] Qui est si aigu qu'il pourrait ĂȘtre homicide. Antipathie mortelle; ressentiment mortel. En butte Ă la haine mortelle de ces hommes dont il dĂ©nonçait les crimes Clemenceau,Vers rĂ©paration, 1899, Ennemi mortel. Personne qui en hait une autre ou qui en est profondĂ©ment haĂŻe. Chacun y eĂ»t gardĂ© la parole pendant vingt minutes et fĂ»t restĂ© l'ennemi mortel de son antagoniste dans la discussion Stendhal,Souv. Ă©gotisme, 1832, Qui Ă©voque la mort, qui a les caractĂ©ristiques propres Ă la mort. Ă ces mots, une pĂąleur mortelle couvrit le visage de Corinne StaĂ«l,Corinne, 1807, n'entendais aucun bruit. Ce silence mortel finit par m'effrayer si bien que je me levai sur la pointe des pieds nus et marchai vers la clartĂ© Duhamel,Notaire Havre, 1933, et Orth. [mÉ ÊtΔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ătymol. et Hist. A. Sens passif sujet Ă la mort» 1. fin xes. om mortal Passion, Ă©d. D'Arco Silvio Avalle, 339; ca 1160 subst. plusor mortal Eneas, 2285 ds 2. ca 1050 la mortel vithe St Alexis, Ă©d. Chr. Storey, 63; 3. 1269-78 richeces mortex Jean de Meun, Rose, Ă©d. F. Lecoy, 5227. B. Sens actif 1. ca 1100 qui souhaite la mort, qui porte la mort» sun mortel enemi Roland, Ă©d. J. BĂ©dier, 461; ca 1120-50 mortel serpent [Satan] Grant mal fist Adam, I, 2 ds 1155 mortel tirant Wace, Brut, 6131, ibid.; 2. ca 1100 une mortel bataille Roland, 658; id. mortel rage ibid., 747; 1155 mortel hĂ€ine Wace, op. cit., 14410, ibid. 1erquart xiiies. relig. chrĂ©t. pekiĂ© mortal Renclus de Molliens, Miserere, 71, 1, ibid.; 3. 1572 mortel poison Amyot, Hommes illustres, PompĂ©e, 50, Ă©d. GĂ©rard-Walter, ds Ćuvres. C. de mort, concernant la mort» 1130-40 cri mortel Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, Ă©d. A. Bell, 4421 Li reis criad un cri mortel, L'aneme s'en vait ...; 1174-87 lit mortel ChrĂ©tien de Troyes, Perceval, Ă©d. F. Lecoy, 4816. Empr. au lat. mortalis sujet Ă la mort, pĂ©rissable; humain, mortel; des mortels» â subst. ĂȘtre humain» â ; mortel, qui donne la mort», spĂ©c. mortale crimen, mortalia delicta pĂ©chĂ© mortel» dans la lang. chrĂ©t. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 3398. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 7739, b 4143; xxes. a 3901, b 3280. Bbg. Henning Mortel, ange et dĂ©mon. Mod. Lang. Notes. 1938,
Surles pas de Paul Valéry -"nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles"-, Régis Debray prend la civilisation occidentale comme objet d'étude. Non pas pour une grande fresque historique et transversale mais pour l'étude des germes de sa croissance sur la terre d'Amérique, de ses cousinages et métissages avec l'Europe, et de son retour, que certains
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Lauteur se penche sur lâesthĂ©tisation du dĂ©clin de lâOccident, en partant du postulat de lâinvention dâun genre proche mais distinct de la dystopie : la contre-utopie, qui est analysĂ©e comme le memento mori de la civilisation. Nombre de pages: 206; Parution: 07/04/2021; Collection: Ătudes de littĂ©rature des xx e et xxi e
Ne nous laissons pas prendre par le discours culpabilisant de gouvernements dont les discours martiaux du style "nous sommes en guerre" cachent de plus en plus mal qu'ils ont failli Ă leur tĂąche. Car cette image mĂȘme fait penser Ă nos brillants stratĂšges des deux conflits mondiaux qui menaient une guerre selon les principes de la prĂ©cĂ©dente les causes des Ă©vĂšnements actuels, ce sont les rĂ©ductions budgĂ©taires qui, en Italie comme en France, ont conduit Ă la faillite de systĂšmes hospitaliers qui Ă©taient parmi les meilleurs du monde, au nom du sacro-saint pacte de stabilitĂ© ; ce sont des pratiques d'Ă©vasion fiscale tolĂ©rĂ©es par les Gouvernements et par l'Union EuropĂ©enne qui ont englouti des hĂŽpitaux et des Ă©coles ; c'est la prioritĂ© aux profits des entreprises qui a conduit Ă des dĂ©localisations sous des cieux bĂ©nis oĂč le coĂ»t du travail est dĂ©risoire ; c'est la dĂ©pendance qui en rĂ©sulte qui a causĂ© une pĂ©nurie des moyens de protection Ă©lĂ©mentaires, mĂȘme pour le personnel soignant ; c'est la soumission servile de nos soi-disant reprĂ©sentants, qui ne savent mĂȘme plus comment s'Ă©crivent les mots "intĂ©rĂȘt commun", aux lobbies industriels et commerciaux ; c'est l'Ă©goĂŻsme europĂ©en dĂ©jĂ rĂ©vĂ©lĂ© Ă l'occasion de la crise de la dette publique, qui va aujourd'hui jusqu'Ă faire voler par un pays le matĂ©riel sanitaire destinĂ© Ă un autre. Si cette crise ne conduit pas Ă une remise en cause de nos fondamentaux Ă©conomiques et financiers, nous pourrons Ă©crire sur le fronton de nos mairies, en lieu et place de la devise de la RĂ©publique, cette phrase de Paul ValĂ©ry "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles". Car ce qui provoque l'effondrement des civilisations, c'est la sclĂ©rose d'institutions qui ne peuvent plus rĂ©pondre Ă de nouveaux dĂ©fis. Et Paul ValĂ©ry ajoute "les circonstances qui enverraient les Ćuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ćuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables. Elles sont dans les journaux".Et maintenant, l'article d'Attac ItalieUne des stratĂ©gies les plus efficaces mises en Ćuvre dans toute situation d'urgence par les pouvoirs forts consiste Ă culpabiliser les individus pour obtenir d'eux qu'ils intĂ©riorisent la narration dominante sur les Ă©vĂ©nements en cours, afin d'Ă©viter toute forme de rĂ©bellion envers l'ordre stratĂ©gie a Ă©tĂ© largement mise en Ćuvre dans la derniĂšre dĂ©cennie avec le choc de la dette publique, prĂ©sentĂ© comme la consĂ©quence de modes de vie dĂ©raisonnables, oĂč l'on vivait au-dessus de ses moyens sans faire preuve de responsabilitĂ© envers les gĂ©nĂ©rations Ă©tait d'Ă©viter que la frustration due Ă la dĂ©gradation des conditions de vie de larges couches de la population ne se transforme en rage contre un modĂšle qui avait donnĂ© la prioritĂ© aux intĂ©rĂȘts des lobbies financiers et des banques sur les droits des bien cette stratĂ©gie qu'on est est en train de dĂ©ployer dans la phase la plus critique de l'Ă©pidĂ©mie de a mis le roi Ă nu et fait ressortir toutes les impostures de la doctrine systĂšme sanitaire comme celui de l'Italie, qui jusqu'il y a dix ans Ă©tait l'un des meilleurs du monde, a Ă©tĂ© sacrifiĂ© sur l'autel du pacte de stabilitĂ© des coupes budgĂ©taires d'un montant global de 37 milliards et une rĂ©duction drastique du personnel moins personnes, entre mĂ©decins et infirmiĂšres, avec pour brillant rĂ©sultat la disparition de plus de lits d'hĂŽpital â ce qui veut dire, s'agissant de la thĂ©rapie intensive de dramatique actualitĂ©, qu'on est passĂ© de 922 lits pour habitants en 1980 Ă 275 en cela dans le cadre d'un systĂšme sanitaire progressivement privatisĂ©, et soumis, lorsqu'il est encore public, Ă une torsion entrepreneuriale obsĂ©dĂ©e par l'Ă©quilibre la mise Ă nu du roi soit partie de la Lombardie est on ne peut plus illustratif cette rĂ©gion considĂ©rĂ©e comme le lieu de l'excellence sanitaire italienne est aujourd'hui renvoyĂ©e dans les cordes par une Ă©pidĂ©mie qui, au cours du drame de ces derniĂšres semaines, a prouvĂ© la fragilitĂ© intrinsĂšque d'un modĂšle Ă©conomico-social entiĂšrement fondĂ© sur la prioritĂ© aux profits d'entreprise et sur la prééminence de l'initiative remettre en question ce modĂšle, et courir ainsi le risque que ce soit tout le chĂąteau de cartes de la doctrine libĂ©rale qui s'Ă©croule en cascade ? Du point de vue des pouvoirs forts, c'est ainsi dĂ©marre la phase de culpabilisation des n'est pas le systĂšme sanitaire, dĂ©-financĂ© et privatisĂ© qui ne fonctionne pas ; ce ne sont pas les dĂ©crets insensĂ©s qui d'un cĂŽtĂ© laissent les usines ouvertes et encouragent mĂȘme la prĂ©sence au travail par des primes et de l'autre rĂ©duisent les transports, transformant les unes et les autres en lieux de propagation du virus ; ce sont les citoyens irresponsables qui se comportent mal, en sortant se promener ou courir au parc, qui mettent en pĂ©ril la rĂ©sistance d'un systĂšme efficace par chasse moderne, mais trĂšs ancienne, au semeur de peste est particuliĂšrement puissante, car elle interfĂšre avec le besoin individuel de donner un nom Ă l'angoisse de devoir combattre un ennemi invisible ; voilĂ pourquoi dĂ©signer un coupable les irresponsables », en construisant autour une campagne mĂ©diatique qui ne rĂ©pond Ă aucune rĂ©alitĂ© Ă©vidente, permet de dĂ©tourner une colĂšre destinĂ©e Ă grandir avec le prolongement des mesures de restriction, en Ă©vitant qu'elle ne se transforme en rĂ©volte politique contre un modĂšle qui nous a contraints Ă la compĂ©tition jusqu'Ă Ă©puisement sans garantir de protection Ă aucun de Ă nous comporter de façon responsable et faisons-le avec la dĂ©termination de qui a toujours Ă l'esprit et dans le cĆur une sociĂ©tĂ© commençons Ă Ă©crire sur tous les balcons Nous ne reviendrons pas Ă la normalitĂ©, car la normalitĂ©, c'Ă©tait le problĂšme. »Pour ceux qui lisent l'Italien, le lien avec le texte original
Nicette jeunesse, ni ses juges n'accordaient plus le moindre crédit au dire de Paul Valéry, quand la premiÚre guerre mondiale avait déjà paru secouer notre monde sur ses bases : « nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous somme mortelles ». Cette formule trop frappée est' devenue une vieille scie. Le goût aujourd'hui n'est plus de l'invoquer bouch» bée, c'est de la
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, dâempires coulĂ©s Ă pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă travers lâĂ©paisseur de lâhistoire, les fantĂŽmes dâimmenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et dâesprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, nâĂ©taient pas notre affaire. Et nous voyons maintenant que lâabĂźme de lâhistoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons quâune civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© quâune vie. Paul ValĂ©ry, La Crise de lâesprit, 1919 - AgrĂ©gĂ© de Lettres modernes - Docteur Ăšs Lettres et Sciences Humaines Prix de ThĂšse de la Chancellerie des UniversitĂ©s de Paris - DiplĂŽmĂ© dâEtudes approfondies en LittĂ©rature française - DiplĂŽmĂ© dâEtudes approfondies en Sociologie - MaĂźtre de Sciences Politiques Voir tous les articles par brunorigolt
Iltrace un parallÚle entre le biologique et le civilisationnel. Il évoque Valéry : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Il puise dans les thÚses de Toynbee (La Grande Aventure humaine) et de Diamond (Effondrement). Comme Toynbee, il pense que les civilisations meurent par suicide.
30 juillet 2011 6 30 /07 /juillet /2011 0947 Un lecteur a laissĂ© un commentaire sur le post prĂ©cĂ©dent, dont la pertinence est telle qu'elle me parait mĂ©riter une rĂ©ponse dĂ©taillĂ©e en post principal. Je me permets d'en recopier les passages pertinents Gilles et skept J'ai trouvĂ© sur ce site depuis peu quelques personnes que je comprends enfin et qui pensent, comme moi, que l'Ă©puisement des Ă©nergies fossiles qui est certain Ă Ă©chĂ©ance connue est probablement un problĂšme plus urgent et plus mobilisateur que le RCA qui reste complexe Ă comprendre. Alors que les lois de la physique et un esprit raisonnablement cartĂ©sien nous pousserait Ă l'inverse. [ SIC la suite du commentaire me laisse penser que mon estimĂ© lecteur s'est un peu mĂ©langĂ© les pinceaux, il voulait dire probablement le contraire.... "comme nous y pousserait les lois de la physique et un esprit raisonnablement cartĂ©sien ..! ] Alors j'en profite, et j'aurais quelques questions Ă vous poser qui me tracassent depuis un moment sans que personne, dans mon entourage, ne comprenne mĂȘme de quoi je parle alors y rĂ©pondre,... pouvez vous m'aidez Ă Ă©claircir mes idĂ©es ? 1Pourquoi, Ă votre avis, cet emballement politico-mĂ©diatique mondial sur le C02 et cette quasi "omerta" sur le Peak-Oil un peu moins depuis 1 an toutefois ? alors mĂȘme que la physique et un esprit raisonnablement cartĂ©sien nous pousserait au contraire 2Une question plus technique et moins cruciale que la 1°. Il semble y avoir sur ce blog une flopĂ©e de scientifiques, j'aimerai avoir leur avis sur la thĂ©orie de Svensmark Ă propos de l'influence des rayonnements cosmiques sur la formation de nuages et donc sur le climat, la thĂ©orie est trĂšs "poĂ©tique" voire sĂ©duisante, Svensmark semble sĂ©rieux et compĂ©tent, mais je suis un peu mĂ©fiant vis Ă vis de ses principaux promoteurs. Tient elle la route d'un point de vue scientifique ? .... Tout d'abord, Hema, comme on dit couramment Bienvenue au club ! Je vais d'abord rĂ©pondre rapidement Ă l'hypothĂšse de Svensmark, qui a supposĂ© que l'activitĂ© solaire pouvait influencer la Terre en modulant le flux de rayonnement cosmiques frappant l'atmopshĂšre, ce qui changerait sa nĂ©bulositĂ© le mĂ©canisme Ă©tant donc assez complexe et loin de la simple augmentation de la puissance solaire actvitĂ© solaire-> plus grand champ magnĂ©tique-> moins de cosmique->moins de nuages-> plus de rayonnement arrivant au sol je n'ai pas d'avis a priori sur cette hypothĂšse; c'est une hypothĂšse Ă Ă©tudier scientifiquement comme les autres. La critique principale est qu'il ne semble pas que les nuages soient influencĂ©s tant que ça par les rayons cosmiques, et de plus, les nuages peuvent avoir un effet inverse suivant leur composition et leur altitude, ils peuvent bloquer le rayonnement incident mais aussi augmenter l'effet de serre quand le ciel se couvre, il fait plus frais, mais une nuit nuageuse est moins froide qu'une nuit claire ! Mais il faut faire un certain nombre d'Ă©tudes complĂ©mentaires, dont l'expĂ©rience CLOUD, pour en ĂȘtre sĂ»r. On dĂ©couvrira peut etre aussi un autre phĂ©nomĂšne voisin mais diffĂ©rent dont on ne se doutait pas, ça arrive.... D'une façon gĂ©nĂ©rale, ces questions sont du ressort des climatologues, et je ne prĂ©tends pas l'ĂȘtre. L'avis que je donne ici est juste mon impression sur la "qualitĂ© gĂ©nĂ©rale" des preuves fournies, mais je respecte le travail des climatologues ayant Ă©tabli les faits dont il est question. Je suis Ă©galement assez mĂ©fiant vers les explications "c'est le Soleil", "c'est le mouvement des planĂštes", etc.. mon avis Ă©tant plutot qu'on donne trop confiance Ă des explications dĂ©terministes par rapport Ă la variabilitĂ© naturelle. Sur la question importante du "pourquoi", c'est Ă©galement une question que je me suis souvent posĂ©e. A priori, les deux crises, Ă©nergĂ©tiques et climatiques, jouent un rĂŽle comparable et devraient au moins le mĂȘme impact, mais en rĂ©alitĂ©, comme dit Hema, "les lois de la physique et un esprit cartĂ©sien" nous poussent Ă donner un poids bien plus considĂ©rable Ă l'effet des sources Ă©nergĂ©tiques sur notre sociĂ©tĂ© qu'aux variations climatiques. Toutes les corrĂ©lations connues montrent que le niveau de vie et les indicateurs humains pas seulement le PIB sont corrĂ©lĂ©s positivement Ă la consommation Ă©nergĂ©tique, et ont peu Ă voir avec la tempĂ©rature. On peut imaginer un seuil oĂč la variation climatique serait catastrophique, mais ce ne sont que des supputations tirĂ©es de thĂ©ories et de modĂšles informatiques compliquĂ©es, d'interprĂ©tation de donnĂ©es incertaines, alors que l'association entre sources d'Ă©nergie et niveau de vie est claire, Ă©vidente, historiquement, gĂ©ographiquement, et Ă©conomiquement clairement visible et incontestable. PrĂ©coniser de rĂ©duire les fossiles pour Ă©viter un changement de climat revient Ă considĂ©rer qu' il est bien plus probable que nous sachions nous passer de fossiles plutot que nous sachions faire face aux consĂ©quences climatiques qu'ils produisent. Or cette assertion n'a strictement rien d'une Ă©vidence ! il ne s'agit pas ici de prouver qu'elle est fausse, il s'agit de s'interroger sur les bases sur lesquelles autant de gens l'adoptent comme une Ă©vidence, alors qu'il n'y a aucun fait clair qui le montre. De la mĂȘme façon que la question n'est pas de savoir si Dieu existe , mais de savoir pourquoi autant de gens y croient sans preuve, et de plus, curieusement, la plupart du temps sous la forme qui existe dans la sociĂ©tĂ© autour d'eux et pas sous la forme de ceux d'Ă cĂŽtĂ© le trait le plus intrigant dans la religion n'est pas seulement la croyance, mais l'autocorrĂ©lation spatiale de cette croyance . C'est d'autant plus Ă©trange que non seulement il n'y a aucun fait qui le montre, mais que dans les pratiques Ă©conomiques, tout montre exactement le contraire. A commencer par le fait que nous cherchons constamment Ă exploiter de nouvelles ressources fossiles, de plus en plus chĂšres et difficiles d'accĂšs, ce qui n'a aucun sens logique si la proposition prĂ©cĂ©dente est vraie, mais est totalement sensĂ© si elle est fausse. Bref le discours public AFFICHE une croyance et AGIT en fonction de la croyance inverse. Petit parallĂšle avec la religion on peut remarquer que beaucoup de reprĂ©sentants officiels de religions pronant en gĂ©nĂ©ral la simplicitĂ© et la pauvretĂ© volontaire n'ont pas rĂ©ellement agi comme si ils y croyaient eux-mĂȘmes ... Donc nous revenons Ă la question d'Hema mais pourquoi afficher et "croire" la plupart du temps trĂšs sincĂšrement, lĂ encore comme pour les religions autant Ă une proposition si peu en rapport avec les faits connus, en en minimisant d'autres si Ă©videntes ? L'explication que je propose est qu'il y a une diffĂ©rence entre les deux dangers. Le danger Ă©nergĂ©tique, si nous ne savons pas le rĂ©soudre, est finalement mortel pour notre sociĂ©tĂ©. Si nous ne savons pas remplacer les fossiles, notre sociĂ©tĂ© s'Ă©teindra inexorablement, sous sa forme actuelle. Je ne parle pas du tout de disparition de l'humanitĂ©, je parle de la disparition du mode de vie qui caractĂ©rise la sociĂ©tĂ© moderne. Il porte donc en germe une idĂ©e insupportable, celle de la vieillesse et de la mort, une idĂ©e qui nous hante bien sĂ»r personnellement au cours de notre propre vie et que nous avons du mal Ă admettre. Pire, il n'y a aucune morale derriĂšre ça. Ce n'est la faute de personne si les gisements s'Ă©puisent , ce sont des ressources finies, c'est tout. On pourrait ne plus les extraire, mais ça revient Ă hĂąter la fin Ă laquelle nous cherchons Ă Ă©chapper. Il n'y a pas d'Ă©chappatoire. le danger Ă©nergĂ©tique nous met en face du tragique de l'existence humaine. Le danger climatique, lui , est bien diffĂ©rent. Nous y jouons un tout autre rĂŽle. Nous jouons un double jeu, doublement actif et non passif nous nous voyons comme la CAUSE principale de ce probleme, mais aussi comme le REMEDE potentiel. Nous sommes Ă la fois une menace, et possiblement des hĂ©ros pouvant l'Ă©viter. Dans les deux cas, nous sommes maĂźtres de notre destin. MĂȘme notre caractĂšre menaçant flatte notre ego par notre capacitĂ© de nuisance - elle flatte notre illusion de toute puissance; le changement climatique met inconsciemment en scĂšne les histoires que nous aimons, les histoires de bons et de mĂ©chants, de Dr Jekyll et Mr Hyde, de Dark Vador et de Luke Skywalker. Elle parle Ă notre inconscient. elle nous met au centre actif de l'histoire. Il est d'ailleurs frappant qu'une partie importante de la communautĂ© "piquiste" a developpĂ© une philosophie "survivaliste", ce qui permet de 'redramatiser" l'histoire. Le peak oil est alors perçu comme une catastrophe soudaine, plongeant le monde dans le chaos, un monde Ă la Mad Max. LĂ encore, cette mise en scĂšne permet de s'identifier au hĂ©ros solitaire, seul contre les Ă©lĂ©ments hostiles, et redonne une gratification narcissique Ă notre individu si nous ne sommes pas capables de sauver la sociĂ©tĂ©, alors au moins, qu'on nous donne un rĂŽle qui nous permette de nous sauver nous-mĂȘmes ! Cependant, en gĂ©nĂ©ral, les gens prĂ©fĂšrent de beaucoup penser que nous trouverons des solutions techniques Ă l'Ă©puisement des fossiles, mais qu'il ne tient qu'Ă nous de le faire. D'oĂč la floraison dans l'esprit du public de toutes ces croyances Ă l'existence de "solutions miracles" souvent inventĂ©es par des inventeurs gĂ©niaux et solitaires, persĂ©cutĂ©s par de grandes compagnies pĂ©troliĂšres et des Ă©tats accapareurs de taxes sur les carburants ..., et une tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale du "si on veut on peut" dans tous les discours publics. Nous n'aimons pas qu'on nous dise que nous vieillissons, et encore moins que nous allons mourir, alors que ce sont deux certitudes incontestables. Seul le discours climatique nous permet de mettre en scĂšne les histoires que nous aimons nous raconter. Peut ĂȘtre faudrait-il changer la phrase de Paul ValĂ©ry "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles", en "Nous autres, civilisations, nous ne savons toujours pas que nous sommes mortelles " ... ???? Published by climatenergie - dans SociĂ©tĂ©
Introduction: « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de LâEsprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă son texte philosophique VariĂ©tĂ© I. La date indiquĂ©e nous indique dĂ©jĂ le contexte histoire, nous sommes Ă un an de la
Article Ă©crit par Ni film catastrophe, ni film de science-fiction, Park nâest que le miroir de notre monde Ă lâabandon. Civilisations mortelles Si la GrĂšce antique est considĂ©rĂ©e Ă lâunanimitĂ© comme le creuset de la civilisation occidentale, ainsi que le berceau des jeux olympiques, Sofia Exarchou nous offre ici un portrait sans pitiĂ© de sa dĂ©cadence justement Ă travers les ruines du stade olympique Ă©difiĂ© pour les Jeux de 2004 dans lesquelles errent des jeunes gens dĂ©soeuvrĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s et des armĂ©es de chiens famĂ©liques. Ce nâest pas seulement une figure de style, une allĂ©gorie pour mettre en scĂšne un dĂ©sespoir cinĂ©matographique, mais une rĂ©alitĂ© car la GrĂšce a bel et bien Ă©tĂ© ruinĂ©e par les manoeuvres machiavĂ©liques de lâUnion europĂ©enne comme lâa si bien montrĂ© le film de Costa-Gavras lâannĂ©e derniĂšre, Adults in the Room 2019. Paul ValĂ©ry lâavait prophĂ©tisĂ© dans La Crise de lâesprit en 1919, au sortir de la PremiĂšre Guerre mondiale, et lâHistoire lâa rĂ©alisĂ© et perfectionnĂ©. En sortant de ce film, nous ne pouvons que penser Ă sa phrase qui en fait maintenant tout le sel Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et mortifĂšres pourrions-nous ajouter en 2020 en raison de la pandĂ©mie, de la misĂšre et de notre absence totale dâavenir. Les ruines du capitalisme Mortelles, nous le sommes. Tout le film ne montre que ça, une jeunesse Ă la dĂ©rive Ă qui lâon ne propose rien dâautre que les ruines du capital, que des rĂȘves de plage et de fĂȘtes de pacotilles, avec la chair offerte et mollassonne des touristes de tous les pays, comme si la GrĂšce, ce pays issu dâune si belle civilisation, ne devait se contenter que des restes, et du rĂŽle de bronze-cul dâune Europe maintenant quasiment ruinĂ©e. En choisissant ce dĂ©cor de ruines qui nâont rien Ă voir bien sĂ»r avec celles, magnifiques et hiĂ©ratiques, du ParthĂ©non, la rĂ©alisatrice nous donne Ă voir notre dĂ©chĂ©ance, notre crasse, notre incapacitĂ© Ă crĂ©er du lien social et Ă prĂ©server le patrimoine. Ce stade, qui nâa Ă peine quâun peu plus de dix ans, est laissĂ© Ă lâabandon prouvant Ă la fois la cupiditĂ© du capitalisme et lâinanitĂ© de ces Jeux olympiques qui ne sont plus quâune infĂąme machine Ă faire du fric et dont le report Ă cause de coronavirus cette annĂ©e nâest quâune avanie supplĂ©mentaire dans un ocĂ©an de mensonges et de malversations. Machine folle vers lâApocalypse Dans ce dĂ©cor qui sert de cadre Ă des enfants perdus, on pense bien sĂ»r Ă Gomorra de Matteo Garrone 2008, mais la mafia en moins mĂȘme si on la sent poindre le bout de son nez comme si lâabsence dâavenir ne pouvait que confiner au dĂ©sespoir et surtout Ă la violence. Câest un film magnifique en certains points, complĂštement dĂ©sespĂ©rĂ©, mais qui offre un portrait impressionniste de notre sociĂ©tĂ©, mĂȘme si on en ressent Ă chaque plan lâinutilitĂ© tant il crĂšve les yeux que le capitalisme est devenu maintenant une machine folle emballĂ©e vers lâapocalypse. Sofia Exarchou nous tend un miroir hĂ©las trĂšs rĂ©aliste de notre tout proche avenir et sâen explique dâailleurs dâune maniĂšre parfaitement claire et sans ambiguĂŻtĂ© dans le dossier de presse du film A travers les histoires mĂȘlĂ©es des enfants du Village Olympique, Park tente de brosser le portrait dâune gĂ©nĂ©ration perdue qui a Ă©tĂ© dĂ©robĂ©e de son avenir. Entre les complexes sportifs Ă lâabandon, les ruines et les nouveaux centres touristiques, le film croise le passĂ© glorieux de la GrĂšce avec sa dĂ©cadence rĂ©cente, peignant une sociĂ©tĂ© qui nâĂ©tait pas prĂ©parĂ©e Ă la chute brutale quâelle a connue. Au cĆur de ces vestiges du passĂ©, le besoin dâappartenance des jeunes est vital et leurs efforts de plus en plus violents et futiles. »
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nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles